Tension diplomatique entre le Maroc et l'Allemagne

Le Maroc a suspendu ses relations diplomatiques avec l’Allemagne depuis le 1er mars 2021 en raison des profondes divergences sur le dossier délicat du Sahara Occidental. La crise diplomatique qui couvait depuis a-t-elle atteint un point de non-retour ?

C’est un véritable coup de froid sur la coopération entre le Maroc et l’Allemagne. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourrita, a adressé le 1er mars 2021 un courrier de rupture des relations avec l’Allemagne au chef du gouvernement Saad-Ed-dine El Othmani. « Le ministère des Affaires étrangères a également pris la décision de suspendre tout contact ou démarche avec l’ambassade », précise la lettre qui déplore de « profonds malentendus » entre Rabat et Berlin au « sujet de questions fondamentales pour le Maroc ».

Rabat reproche ainsi à la première puissance économique européenne sa position sur le Sahara occidental, mais aussi le fait d’avoir critiqué la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le territoire querellé.

Pourtant, les relations entre les deux pays étaient au beau fixe il y a peu de temps. En décembre 2020, l’Allemagne avait débloqué une enveloppe de 1,37 milliards d’euros, dont 202 millions sous forme de dons, et le reste sous forme de prêts bonifiés, en appui à divers programmes du gouvernement marocain dont celui de lutte contre le Covid 19.

Le revirement diplomatique de Rabat est la preuve que les Marocains n’ont pas oublié d’avoir été écartés des négociations sur l’avenir de la Libye lors d’une conférence tenue à Berlin en janvier 2020. En outre, les officiels marocains, inflexibles sur l’intégrité de leur territoire, n’entrevoient pas d’assouplir leur position dans l’immédiat si Berlin n’infléchit pas la sienne sur les questions qui cristallisent les tensions entre les deux capitales : « Le Maroc souhaite préserver sa relation avec l’Allemagne, mais c’est une forme d’alerte exprimant un malaise sur de nombreuses questions... Il n’y aura pas de contact tant que des réponses ne seront pas apportées sur différentes questions qui ont été posées », s’est ainsi fendu à la presse un haut fonctionnaire marocain du ministère des Affaires étrangères, dans la foulée de la publication de la lettre de son ministre, nourrissant les craintes d’un gel durable des relations entre les deux pays. Qui esquissera le premier un geste de décrispation pour éviter l’enlisement de cette crise diplomatique ? Bien malin qui pourra répondre avec certitude.