Législatives 2011 au Gabon. Vers une cohabitation inédite ?
- Martial Idoundou

- 15 déc. 2011
- 3 min de lecture
La future consultation électorale sera à double détente : ou l’opposition, à condition d'être unie, obtient la majorité des sièges et arrache la cohabitation, ou le PDG conforte sa domination, et le président Ali Bongo Ondimba renforce sa légitimité.

Au lendemain de la présidentielle du 3O août 2009 au Gabon, et même bien avant, la carte politique s’est redessinée avec la constitution de trois blocs : la Majorité républicaine (MR), l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR) et l’Union nationale (UN), le dernier-né des partis politiques (opposition). Ces trois fédérations de partis constituent aujourd’hui les principales forces politiques au Gabon, à côté desquelles grenouillent des petits partis au positionnement ambiguë, et qui brouillent le jeu politique.
La désignation d’Ali Bongo Ondimba comme candidat du PDG à la dernière présidentielle a soulevé des protestations au sein même de son parti, et précipité le départ d’un certain nombre de personnalités de poids : Jean Eyéghé Ndong, Casimir Oyé Mba (deux anciens Premiers ministres), Paulette Missambo, André Mba Obame (deux ex-ministres) qui protestaient contre « l’instauration d’une monarchie » au Gabon. Le passage à l’ennemi d’anciens barons du régime, conjugué aux atermoiements au sein de la majorité, a fini par fragiliser le camp présidentiel. Lequel, amené par le PDG, a dû se reconstituer à travers la signature il y a quelques mois d’une nouvelle charte.
Parmi les partis signataires de cette majorité remodelée, certains ont une réelle assise sur le terrain et une influence certaine. A en juger par leur nombre d’élus nationaux et locaux. D'autres, en revanche, ne sont là que pour grossir le nombre. Malgré tout, ce regroupement de partis autour du nouveau chef de l'État a servi à recoudre les déchirures post-élection présidentielle, et à élargir la base politique du PDG.
Évidemment, le Président Ali Bongo Ondimba est réfractaire à l'idée d'une cohabitation après 2011 ; mais ses adversaires de l’Union nationale, y croient et y travaillent dur. Ils ont signé avec cinq autres partis de l’opposition, jusque-là marginaux, la charte fondatrice d'une nouvelle alliance politique appelée Coalition des groupes et partis politiques pour l’alternance (CGPPA). Avec l’ACR, ils ont entrepris des discussions d'élaboration d'une stratégie d’ensemble, autrement dit pour insuffler une dynamique d’unité réelle à l’opposition.
Ces deux blocs de l’opposition pourraient remporter la majorité à l'Assemblée nationale en décembre 2011, si l'on s'en tenait aux résultats de la dernière présidentielle où Pierre Mamboundou (ACR) a recueilli 25,66% des suffrages et André Mba Obame (UN) 25,33%, contre 41,79% pour leur adversaire commun Ali Bongo Ondimba.
En 2011, il s’agira pour l’opposition de confirmer les résultats obtenus en août 2009. Au PDG et à ses alliés de conserver ou de reconquérir leurs fiefs traditionnels. Le prochain scrutin législatif s’annonce âpre, comme en témoignent les législatives partielles du 6 juin dernier qui en sont un aperçu. Même si, sur les cinq sièges en jeu, le PDG en a remporté trois (sous réserve bien évidemment du contentieux non encore vidé), il reste que l’ex parti unique en a également perdu deux qu’il détenait. L’un au 2e arrondissement de Libreville remporté par Jean Eyéghé Ndong, et l’autre à Medouneu qui échoit à André Mba Obame.
Il est à noter que ces différentes alliances épousent la carte ethno politique du pays. L’ACR par exemple est constituée en majorité de partis politiques qui contrôlent le Sud du pays. Auxquels s’est ajouté celui de l’ancien maire de Port-Gentil, Me Séraphin Ndaot Rembogo, l’Alliance nationale des bâtisseurs (ANB) qui contrôle la ville pétrolière du littoral, l’un des principaux bastions de l’opposition.
L’Union nationale, quant à elle, s’est constituée de la fusion du MAD, du RDR, des partis ayant pour leaders les ressortissants du Nord, et de l’UGDD de Zacharie Myboto ressortissant du Sud-est du pays. La bataille de 2011 offre autant à l’opposition la possibilité de gouverner le pays qu’au président Ali Bongo Ondimba d'asseoir davantage son pouvoir.




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