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Les fantômes de Kigali

  • Photo du rédacteur: Mouftaou Badarou
    Mouftaou Badarou
  • 1 avr. 2021
  • 2 min de lecture

Vingt-sept ans après, le génocide anti-tutsi de 1994 hante toujours la mémoire française. Le soutien du pouvoir socialiste de François Mitterrand aux extrémistes hutus apparait bien évident après la publication, le 26 mars dernier, du rapport Duclert sur cette tragédie.


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Le rapport de la commission Duclert sur le Rwanda, qui s’appuie sur des documents d’archives jusqu’alors inaccessibles, a le mérite de situer les responsabilités françaises. Et elles sont accablantes. Le Président François Mitterrand et son gouvernement ont continué de soutenir le pouvoir du Président Juvénal Habyarimana, alors que des signes alarmants de préparation du génocide étaient portés à leur connaissance par différents relais, dont l’ambassade de la France à Kigali et la DGSE (la Direction générale de la sécurité extérieure).


Certes, le rapport Duclert ne conclut pas à la « complicité de génocide », qui a coûté la mort à près d’un million de Tutsis d’avril à juillet 1994. Mais le panel d’historiens, mandatés en 2017 par le Président Emmanuel Macron, met en lumière l’assistance militaire française soutenue au régime extrémiste hutu au moment même où des appels à l’extermination des Tutsis polluaient les ondes de Radio Mille Collines, portant à incandescence la haine anti-tutsie. Le groupe de chercheurs déplore ainsi l’aveuglement idéologique de François Mitterrand et de ses conseillers qui ont géré la crise rwandaise avec des œillères. La France, dans le déni des crimes commis par les Hutus, a d’ailleurs exfiltré les membres de la famille du Président rwandais à qui elle a offert l’asile, alors que ceux-ci sont suspectés d’avoir planifié et perpétré la tuerie de masse des Tutsis.


Le pouvoir de Paul Kagamé, qui a toujours qualifié Paris de « complice du génocide », a évidemment salué ce mea-culpa du gouvernement du Président Macron. Il se félicite, notamment, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, de la publication du document de 1200 pages qui constitue « un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France ». À Paris, les avis sont bien partagés. Le député de La République en Marche (LRM), Hervé Berville a, lui, nuancé la responsabilité de son pays en estimant seulement que le rapport Duclert « montre bien la cécité et les biais intellectuels et politiques d’une partie des élites françaises de l’époque, qui n’ont pas vu venir ce génocide ».


Des personnalités politiques françaises clairement indignées, le député européen Raphaël Glucksmann a été le plus cinglant. Pour celui-ci, la responsabilité de l’État français et de François Mitterrand constituait le « pire scandale de la Ve République ». Et l’élu d’ajouter à l’AFP : « Petit à petit, la vérité va s’imposer, et c’est un moment important pour la France : une nation se grandit à éclairer les zones les plus sombres de son histoire. »

C’est dire que les fantômes de Kigali n’ont pas fini de hanter les relations franco-rwandaises.

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