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La Russie en renfort militaire en Centrafrique

  • Photo du rédacteur: Mouftaou Badarou
    Mouftaou Badarou
  • 2 avr. 2021
  • 2 min de lecture

Moscou a planté depuis 2017 le fanion de son influence à Bangui, avec une récente présence paramilitaire qui suscite beaucoup d’interrogations.


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Le pouvoir du Président centrafricain Faustin-Ange Touadéra ne tenait plus qu’à un fil ! C’était en décembre 2020, lors de la dernière offensive sur Bangui de trois des plus puissants groupes rebelles à une semaine des élections législative et présidentielle. Mais Moscou et Kigali ont sauvé sa tête ! En desserrant l’étau des rebelles contrôlant les axes vitaux reliant Bangui, avec le renfort in extremis de soldats rwandais et surtout l’engagement sur le terrain de plusieurs centaines de supplétifs russes aux côtés de l’armée centrafricaine.

Régnant sur le centre, l’est et le nord-est, les groupes rebelles contrôlent plus de deux-tiers de ce pays atypique, rendant insignifiante la présence des Casques bleus de l’ONU. Le porte-parole du gouvernement centrafricain, Ange Maxime Kazagui, a lui-même reconnu que « la Russie a envoyé plusieurs centaines d’hommes des forces régulières, et des équipements lourds » dans le cadre d’un accord de coopération bilatérale. « Les informations en provenance de ce pays suscitent une sérieuse inquiétude », a quant à lui, déploré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, pour justifier l’intervention russe.

Des « instructeurs » russes encadrent les Forces armées centrafricaines (FACA), et le Président centrafricain, lui-même, compte des contractuels de la société russe de sécurité Wagner parmi sa garde rapprochée.


Des mercenaires de la Sewa Security Services, une autre société de sécurité privée russe, renforcent eux-aussi l’armée centrafricaine. Le Président Touadéra, qui a accusé l’ex-chef de l’État, François Bozizé, de « tentative de coup d’État avec une « intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui » en période électorale, a reçu l’appui de la France, et celle de la Russie, des États-Unis, de l’Union européenne et de la Banque Mondiale. Ces divers partenaires de la Centrafrique ont vivement exhorté François Bozizé et les chefs de guerre, dont il semble coordonner les actions, à déposer les armes. Afin d’épargner le pays d’un nouvel épisode sanglant.


La Centrafrique a connu pas moins de huit accords de paix depuis 2012. Le plus récent est celui négocié le 24 janvier 2019 à Khartoum au Soudan et signé deux semaines plus tard à Bangui entre le gouvernement centrafricain et quatorze groupes rebelles.

Le déploiement des paramilitaires russes complique l’équation de la paix en Centrafrique. De récentes plaintes des populations ont mis un coup de projecteur sur les exactions de ces mercenaires de la société de sécurité Wagner. Cette société, créée en 2014 par Dmitri Outkine, un ancien officier du GRU (le renseignement militaire russe) est le bras armé officieux du Kremlin. Wagner a également opéré au Soudan, en Libye, en Syrie et en Ukraine. Ses hommes ont évidemment pris une part active dans l’annexion de la Crimée au printemps 2014.


Le quotidien britannique The Gardian rapporte une de leurs exactions : des mercenaires russes, en présence de soldats centrafricains, ont mitraillé en décembre 2020 un véhicule qui a refusé d’obtempérer, tuant trois civils et blessant quinze autres. Alors que se profile en mai prochain un dialogue national aux contours encore flous, le chef de l’État centrafricain ne semble pas vouloir s’affranchir de sitôt de la tutelle russe.







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