La présidente de la Cour constitutionnelle gabonaise, une longévité exceptionnelle

Les uns se félicitent de la longévité de la présidente Marie-Madeleine Mborantsuo à la Cour constitutionnelle gabonaise quand d'autres dénoncent l'immobilisme à la tête de cette institution.

Par ISABELLE ESSOU

30 ans de la présidente à la tête de la Cour constitutionnelle gabonaise ! C'est effectivement inédit en Afrique et dans le monde. Aussi, beaucoup de Gabonais s'interrogent sur cette inamovibilité, même si le parcours de la titulaire du poste est celui d'une praticienne chevronnée du droit.

3M a décroché sa maîtrise de droit à l'université de Libreville après son baccalauréat série A4 en 1975 puis intégré le corps de la magistrature comme auditrice à la Chambre des comptes de la Cour suprême. Elle a ensuite effectué un stage à la Cour des comptes française et à l'Institut international d'administration publique de Paris.

De retour au Gabon, elle a de nouveau travaillé à la Chambre des comptes, puis demandé une mise en disponibilité pour s'inscrire à l'université Panthéon-Assas à Paris, où elle a obtenu un diplôme d'études approfondies en finances publiques, fiscalité et droit constitutionnel.

Une praticienne chevronnée du droit

Revenue une nouvelle fois au Gabon, Marie-Madeleine Mborantsuo est nommée conseillère du ministre de la Planification, cumulant cette fonction avec celle d'auditrice à la Chambre des comptes et celle de professeure à l'université de Libreville et à l'Institut de l'économie et des finances (IEF).

En 1983, à l'âge de 28 ans, elle est nommée présidente de la Chambre des comptes de la Cour suprême, qu'elle contribue à organiser, sur le modèle français. En 1990, elle est membre de la Commission des institutions, chargée de repenser lesdites institutions.

Elle participe ainsi à élaborer la Constitution transitoire de 1990, qui instaure le multipartisme. Membre de la Commission spéciale de rédaction de la Constitution du 26 mars 1991, qui crée la Cour constitutionnelle, elle en devient membre en octobre de la même année, avant d'en être élue la première présidente.

En 1998, à la suite d'une modification constitutionnelle qui change le mode de désignation du président de la Cour, le président Omar Bongo la confirme dans ses fonctions. Elle soutient en 2001 une thèse de doctorat à l'université d'Aix-en-Provence en France, obtenant le diplôme de docteur en droit en 2005 avec les félicitations du jury.

D'où sa maîtrise des questions constitutionnelles, qui pourtant ne trouve pas grâce aux yeux des opposants, qui qualifient la Cour constitutionnelle gabonaise de Tour de Pise toujours penchée du côté du pouvoir. La compétence de 3M est ainsi constamment balayée d'un revers de la main par les opposants. Mais, droite dans ses bottes, Marie-Madeleine Mborantsuo se revendique la garante de la constitutionnalité des lois et règlements au Gabon.