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Affaire Bygmalion : nouvelle condamnation pour Sarkozy ?

  • Edgard Kaho
  • 14 mars 2021
  • 4 min de lecture

L’ancien chef de l’État français devait être jugé le 17 mars dernier à Paris, avec treize autres prévenus, pour le financement présumé illégal de sa campagne présidentielle de 2012. Mais le procès est renvoyé au 20 mai, en raison de l’hospitalisation de l’avocat de l’un de ses co-prévenus.


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Nicolas Sarkozy une nouvelle fois devant la justice ! L’ancien président français devait comparaître devant le tribunal d’instance de Paris le mercredi 17 mars 2021 pour la seconde fois en quinze jours. Il avait déjà écopé le 1er mars d’une condamnation à trois ans d’emprisonnement, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite « des écoutes ». Devenant ainsi le premier ancien président de la Ve République à être condamné à de la prison ferme, même s’il a interjeté appel de cette décision.


Nicolas Sarkozy n’était pas dans le prétoire le 17 mars. Son avocat, Thierry Herzog explique en substance : « L’ancien président français ayant été informé de la demande de renvoi, il n’entendait pas être présent. En raison de cette demande de renvoi, qu’on lui avait communiquée quelques jours avant cette audience consacrée au financement de sa deuxième campagne présidentielle, celle de 2012. » La première campagne étant celle de 2007. À l’origine de la demande de renvoi, Jérôme Lavrilleux - à l’époque directeur adjoint de la campagne - dont l’avocat, Me Christian Saint-Palais, a été hospitalisé pour Covid 19.


Ainsi le procès, initialement prévu du 17 mars au 15 avril, se tiendra finalement du 20 mai au 22 juin. Des audiences à l’issue desquelles Nicolas Sarkozy pourra être condamné à un an d’emprisonnement et 3 750 euros d’amende. Même s’il n’est pas poursuivi des chefs d’usage de faux, d’escroquerie au préjudice des organismes de contrôle et d’abus de confiance au préjudice de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), son parti. En effet, selon les juges Tournaire, Van Ruymbeke et Le Loire, qui ont instruit le dossier, « aucun élément ne permet d’impliquer Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, ni le candidat Nicolas Sarkozy dans la mise en œuvre de ce système de fausse facturation ». En revanche, les treize co-prévenus de Nicolas Sarkozy - anciens cadres de l’agence de communication Bygmalion et de l’UMP, et experts comptables - sont, eux, renvoyés notamment pour escroquerie ou complicité.


Ce sont, entre autres, Éric Césari, directeur général de l’UMP, Franck Attal, Guy Alvès et Bastien Millot, dirigeants du groupe Bygmalion, Guillaume Lambert, directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 et Jérôme Lavrilleux, directeur-adjoint de la campagne.


Il est donc essentiellement reproché à l’ancien président français d’avoir délibérément « laissé filer les dépenses », en dépit des mises en garde des comptables de l’UMP sur les risques de dépassement du plafond de dépenses autorisé (22,5 millions d’euros). Les dépenses du candidat de l’UMP ont grimpé à 42,8 millions euros au total, soit près du double du plafonnement des dépenses.


L’initiateur de la demande de renvoi de l’audience du 17 mars, Jérôme Lavrilleux est un personnage majeur de cette affaire dévastatrice pour l’UMP, devenu Les Républicains le 30 mai 2015. M. Lavrilleux fait partie des rares protagonistes de l’affaire à avoir fait amende honorable en avouant sur BFM TV le système de la double comptabilité mis en place, ainsi que l’établissement de fausses factures visant à faire supporter le dépassement des frais de campagnes au parti UMP : la finalité étant de montrer le candidat de l’époque, Nicolas Sarkozy, respectueux de la loi sur le financement électoral.


Et Nicolas Sarkozy multiplia les meetings

En perte de vitesse dans les sondages en 2012, la campagne « éclair » du candidat Sarkozy aurait dû être bouclée en une quinzaine de meetings dont quatre grands rassemblements. Mais le président sortant de l’époque, disposant d’une cagnotte de plusieurs millions d’euros, provenant de contributeurs officiels et surtout officieux (dont feu le Guide libyen Mouammar Kadhafi, à en croire de nombreux officiels libyens), avait multiplié les grands raouts à l’américaine. Avec un déploiement de moyens techniques dignes des studios hollywoodiens, alors même que les comptables du parti signalaient les risques de dépassement.


Et les dépenses ont suivi en proportion cette débauche de sons et de lumières déployée au cours de 40 meetings électoraux. L’état-major de l’UMP avait alors minoré les véritables coûts de l’organisation des meetings dans une comptabilité officielle tout en reportant les dépassements de frais sur de fausses factures (basées sur des tenues de conventions de parti fictives) présentées à l’UMP. Ceci afin d’alléger les comptes de campagne du candidat et de lui éviter un désaveu du Conseil constitutionnel. Nicolas Sarkozy s’en est d’ailleurs toujours tenu à ces coûts minorés des meetings devant respectivement les juges Tournaire, Van Ruymbeke et Le Loire. Il répété devant eux que tout ce qui relève de l’illégal s’est passé à son insu. «Je continue à me demander où est passé l’argent... Le prix moyen de mes meetings était en ligne avec ceux de François Hollande», se défend-il.


Le candidat malheureux verra tout de même ses comptes de campagne rejetés par le Conseil constitutionnel pour un dépassement officiel de 300 000 euros du plafond autorisé. Mais stupeur, deux ans plus tard quand Mediapart révèle le montant réel du dépassement : 22 millions d’euros ! Comment Nicolas Sarkozy, arrivera-t-il en mai à convaincre les juges qu’un dépassement aussi astronomique a échappé à sa vigilance, et éviter une nouvelle condamnation ? That is the question.


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